Texte de Béatrice en hommage à Charlie hebdo

Texte faisant suite à un exercice demandé par l'animatrice de l'atelier d'écriture.

Je te donne un nonosse si tu es sage...

Je l'aime cette phrase....Je l'attends....Prémice d'une longue matinée...

Ce matin où tout le monde est là.

Quand j'entends ces trois mots, " conf de red ", je sais que je vais avoir mon nonosse....et aussi des douceurs....et ce matin, ils sont tous là....Je m'en lèche les babines par avance et ma queue frétille de joie.

Couchée sous la chaise, je tremble de bonheur, je croque, je rogne, je gratte, je gronde, j'arrache, je lèche et me pourlèche avec avidité....

Au-dessus de moi, leurs voix, leurs éclats, leurs rires, leurs grosses blagues qui déchaînent des hurlements de joie...Brouhaha noyé dans la fumée épaisse et âcre de leur tabac.

Pourquoi n'y-a-t-il pas de fenêtre dans cette pièce ?

Les pieds des chaises grincent sur le sol, des verres s'entrechoquent, des capsules sautent, la bibine coule à flot. Ces bruits me sont familiers et rythment le temps. Mon nonosse est bien entamé....

Je n'ai pas compris....

Sa main pend au-dessus de ma tête et quelque chose de chaud, de visqueux, de fade coule sur mon museau. Je lèche la main de mon maître.

Je sais le tonnerre qui m'a paralysé, les hurlements, les chaises qui tombent. Terrée derrière un meuble, paralysée, tremblante. Un silence de peur. J'ai encore léché sa main. Et puis des gémissements, des cris et tous ces corps en désorde, immobiles.

Je m'appelle Lila. Je suis le coker roux de Tignous, 

et je ne comprends toujours pas !!!